|
Les Records Les records sont-il utiles ? |
|
M Louis PAULHAN nous dit ... |
En aviation, on a toujours fait des raids et etabli des records. La
seule difference, c'est que, a l'âge heroïque
de l'aviation, c'etait souvent le pilote lui-meme qui etait
son propre commanditaire. Et je me souviens avoir etabli le record Londres-Manchester
(il fit du bruit a l'epoque) entierement a mes frais.
Aujourd'hui, l'initiative privee a beaucoup moins conscience du rôle
qu'elle peut jouer : evidemment, les frais a engager ne sont pas
comparables et on s'habitue a acheter le progres a coups
de millions - quand il s'agit de ceux de l'Etat - et plus particulierement
de ceux du Ministere de l'Air. Cependant, l'initiative privee
a encore une place a tenir, mais pour tous les grands records, où
des annees et des sommes immenses s'averent indispensables, il
serait bon aussi qu'a l'effort du Ministere de l'Air s'ajoutent
les efforts financiers des Ministeres interesses directement
au progres de l'aviation : Ministere des Postes, Ministere
des Colonies, Ministere de la Marine Marchande, etc...
De plus, il serait bon de rendre les records plus utilitaires et de developper
d'une facon active les records avec charge, dont l'application directe
aux besoins commerciaux est indispensable. Et le raid le plus interessant
a mon point de vue est le record de distance en ligne droite, en hydravion,
car les voies maritimes sont les plus longues et, vu le gain de temps, sera
le plus appreciable. C'est ce qu'a apprecie un consortium
d'armateurs Hollandais : en decidant l'organisation d'hydroports, de
lignes d'hydravions et la construction d'appareils de cent tonnes, il a compris
qu'il aiderait le transport maritime au lieu de le combattre et que l'avenir
de l'aviation intercontinentale est dans l'hydravion de gros tonnage.
|
L'Air n° 288 du 1er novembre 1931 |
|
|
|
|
 |
|