Le projet du Tu-160 fût lancé en 1973 par les soviétiques en réponse au lancement du bombardier Rockwell B-1A en 1970.
Ce fût le vaincqueur d’une compétition entre les constructeurs soviétiques pour un « bombardier multi-mission », la proposition du bureau Tupolev reprenait en fait nombre d’éléments du Tu-144 (tentative de copie de Concorde). Les perdants de la compétition étaient le the Myasishchev M-18, et une proposition de Sukhoï à base de T-4.
En réalité c’était le projet de Myasishchev qui semblait le plus prometteur, mais Tupolev seul semblait avoir la capacité à mener à son terme un projet aussi ambitieux et complexe.
On demanda alors à Tupolev d’utiliser des éléments du projet rival de Myasishchev, le M-18.
La conduite du projet fût confiée à l’ingénieur V.N. Binznyuk.
Désigné « Izdiélié 70 » (article 70), ce nouveau bombardier devait pouvoir atteindre le cœur de la défense Nord-américaine en volant à Mach 2, larguer ses charges nucléaires à Mach 1 et rentrer à sa base grâce à un seul ravitaillement en vol !
Le premier vol eut lieu le 19 décembre 1981, mais son existence ne fût confirmée à l’Ouest qu’en 1982, grâce à un satellite-espion. Les essais opérationnels commencèrent en 1987.
Résolument inspiré du B-1A, le Tu-160 est cependant nettement plus lourd et plus rapide, sa puissance moteur étant pratiquement double !
Aspect technique :
Pour réaliser le Tu-160 et atteindre ses ambitieux objectifs, de nouvelles percées technologiques devaient être effectuées par les soviétiques : procédés de construction et d’alliage, métallurgie avancée, conception de nouveaux moteurs, etc…
Ainsi, les usines Trud de Samara durent mettre au point le turboréacteur Kouznetzov NK-321 de 245 kN de poussée unitaire : le plus puissant moteur jamais monté sur un avion de combat !
Seuls 150 exemplaires seraient pourtant produits au final…
Déploiement :
Le Tu-160 fut commandé à 100 exemplaires en 1985, dans le but d’équiper à terme quatre régiments de l’aviation stratégique.
La chaîne de production de Kazan s’arrêta pourtant définitivement en 1992, après que seulement 38 exemplaires aient été produits (36 + les 2 prototypes, dont un fût perdu durant les essais). L’URSS s’étant éffondrée, le pays avait d’autres priorités criantes.
Seule une unité fût opérationnelle, à partir de mai 1987 : le 184e Aviapolk de Priluki (Ukraine). Il ne mît néanmoins jamais plus de 20 machines en œuvre.
Fin de vie
Le régiment opérationnel ne le resta pas longtemps : quatre ans à peine.
Quand l’Ukraine quitta le bloc soviétique, le partage des ressources militaires fût discuté.
Le sort des Tu-160 survivants est donc bien incertain, même si trois d’entre eux avaient fait l’objet d’un accord avec une société américaine, dans le but de lancer des satellites !
En 1992, la Russie a pour sa part réussi à reconstituer un Aviapolk opérationnel à Engels avec le reliquat de Tu-160 rapatriés d’Ukraine et les derniers sortis des chaînes de montage.
Leur statut opérationnel est aujourd’hui assez incertain, du fait de la disparition de nombreux sous-traitant qui avaient participé à la conception et à la fabrication.
Seule la cannibalisation des pièces sur les cellules restantes (et sur les 4 exemplaires stockés à Joukovski, près de Moscou ?) semblait a priori permettre de tenir encore quelques années, avec sans doute une disponibilité assez médicocre.
Pourtant, la production a tant bien que mal redémarré et un ultime exemplaire a été livré à l’aviation russe en mai 2000.
A l’heure actuelle, il n’y aurait donc que 15 exemplaires en service, tous russes, l’Ukraine ayant détruit son dernier Tu-160 en février 2001.
Il est prévu de les maintenir en service, et un contrat de modernisation a même été accordé à la société KAPO (Kazan Aircraft Production Organisation). L’amélioration devrait porter sur le système de désignation d’objectif et l’équipement électronique. Grâce à des armes de haute précision, le Tu-160 pourra s’attaquer à des cibles mobiles ou à des cibles tactiques.
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