Dans les années 1970, alors que la guerre froide faisait
rage, la Suède bénéficiait de la relative quiétude que lui
procurait son statut de pays non-aligné à lun des deux
blocs rivaux.
Cependant, du fait de sa
position stratégique de choix, et malgré ses engagements politiques, ce pays naurait pas été
épargné dans le cas dun conflit majeur. C est
pourquoi, même si le budget de la défense y était inférieur
quailleurs la suède ne pouvait se permettre de négliger
la défense de sa souveraineté territoriale et politique.
Dans ces conditions la meilleur façon de préserver son
indépendance était de réaliser soi même ses propres
équipements militaires afin de ne pas être dépendant dun
fournisseur affilié à lun des protagonistes de la guerre
froide.
Cest pourquoi, en quête dun chasseur multi-rôle
performant et abordable financièrement, le gouvernement suédois
décida en juin 1982 de développer son propre chasseur : le
GRIPEN. Cette décision sinscrivit dans la tradition
suédoise de développer elle même ses avions de combat comme ce fut le cas pour le
Draken et le Viggen.
Un développement parfois
difficile
Durant le mois de novembre 1979, le gouvernement suédois
commença à sintéresser au développement dun avion
de combat multi-rôle capable de remplacer les AJ37 ( combat
aérien ) , SF37 ( avion dattaque ), et SH 37 (
reconnaissance ) Viggens. Lacte de naissance du Gripen
était signé. Lavion devait être motorisé par un seul
réacteur avec post combustion General Electric F404J de la
classe des 80 kN ( ce dernier étant développé et produit en
collaboration avec Volvo Flygmotor. En juin 1982, un contrat fut
signé concernant lachat de 5 prototypes monoplaces et de
30 avions de production.
Cest le 9 décembre 1988 que le
premier prototype effectua son premier vol. malheureusement le
programme dessais en vol rencontra un premier écueil le 2
février 1989 lorsque ce prototype se cracha à cause dune
défaillance du système de commandes de vol. Ce problème imposa
un développement majeur du logiciel de commande de vol retardant
ainsi de 15 mois le prochain essai en vol ( le 4 mai 1990 ).
Pendant ce temps, les performances du système de contrôle ont
été testées à laide dun T-33A spécialement
modifié pour loccasion et équipé du stick de contrôle
du Gripen.
Durant lété 1992, le gouvernement suédois confirma
lachat dun deuxième lot comprenant 96 JAS39A et 14
JAS39B montrant ainsi sa volonté de poursuivre le programme
malgré quelques problèmes techniques. En septembre de la même
année lavion effectua son premier vol de démonstration au
salon de Farnbrough.
Malheureusement, les déboires caractérisant le
développement de cet appareil nétaient pas terminés pour
autant ; en effet, le 18 Août 1993 un deuxième avion se
cracha. Cette fois-ci, la perte de lappareil était dû à
une hypersensibilité de lappareil aux mouvements du manche
à balai. Ce problème du logiciel fut résolu en ajoutant un
filtre permettant déliminer les oscillations du stick
induites par le pilote. Un nouveau stick fut également
développé, ce dernier se caractérisant par un point de pivot
plus bas et un nouveau revêtement.
En juin 1997, un nouveau lot ( n°3 ) de 50 Gripen monoplaces
et de 14 biplaces fut commandé. Bien que le Gripen soit
actuellement entré en service actif au sein de larmée de
lair suédoise, son développement et lintégration
de nouveaux équipements continue. Ainsi, létude dun
nouveau radar à balayage électronique, de lintégration
de la poussée vectorielle, dun nouveau pod de
reconnaissance, dun nouveau missile courte portée associé
à un viseur de casque est en cours.
Avionique
Le cockpit du JAS39 a été
conçu de façon à offrir au pilote lergonomie nécessaire
à une gestion de linformation et du vol optimale. Ce
cockpit est constitué dun HUD grand angle ( 28° x 22° )
et de 3 écrans tête basse ( HDD ). Pour linstant ces
écrans sont monochromes et dune taille de 120 x 150 mm
mais il est prévu de les remplacer par des écrans couleur
dune taille de 150 x 200 mm ). De plus, laffichage
des informations est géré par un système informatisé :
lEricsson-Saab EP17. A cela vient sajouter le
maintenant classique concept de commandes de vol ( HOTAS ).
Il est également prévu déquiper le Gripen dun
système de reconnaissance ( RMS : Reconnaissance Management
System ). Ce dernier sera basé sur des capteurs
électro-optiques et les images seront stockées sur des supports
digitaux en lieu et place des anciens films photographiques. Le
pod de reconnaissance associé à ce système sera compatible
avec une utilisation sur un appareil monoplace et comportera une
liaison de données en temps réel avec le cockpit afin de
permettre laffichage des prises de vue sur un des écrans
du poste de pilotage.
Le radar
Selon la doctrine militaire suédoise la
suprématie aérienne est en partie gagnée par la supériorité
lors de lacquisition de linformation. Au cur de
lacquisition de linformation se trouve le radar. Le
Gripen est équipé du Ericsson PS-05/A qui est un radar doppler
multi-mode lui permettant deffectuer des missions air-air
et air-surface. Le radar est à balayage mécanique. Il utilise
les hautes, moyennes, et basses fréquences. Les moyennes et
hautes fréquences sont utilisées en combat aérien car elles
offrent de meilleurs performances en recherche de cibles à
longue distance et permettent de suivre plusieurs cibles
simultanément. Les basses fréquences sont utilisées en mode
air-surface . En combat aérien, le radar peut détecter un avion
de taille moyenne à une distance de 120 Km. Le radar offre 4
modes de poursuite de cibles.
Track While Search ( TWS ) permet de poursuivre plusieurs
cibles tout en assurant une recherche déventuelles
autres cibles .
Priority Target Tracking ( PTT ) permet une poursuite
multicible de haute qualité et par conséquent la
poursuite de cibles après le lancement de missiles.
Single Target Tracking ( STT ) lorsquune qualité
maximale de poursuite est exigée, pour
lutilisation du canon par exemple.
Air Combat Mode ( ACM ) pour lacquisition
automatique de cibles en combat rapproché.
En vue daccroître les capacités du Gripen, Ericsson
étudie un nouveau radar à balayage électronique. Ce dernier
type de radar offre de nouvelles possibilités telles quune
meilleur résistance au brouillage, une signature radar moindre,
et lhabilité dutilisé plusieurs modes
simultanément ou de passé de lun à lautre
instantanément.
Larmement
Le Gripen est équipé dun canon interne de 27 mm (
Mauser Bk27 ) situé à gauche sous le fuselage central. De plus
il peut être équipé de 2 missiles infrarouge Sidewinder en
bout daile. Lappareil dispose également de 4 points
demport sous voilure et de deux points demport sous
le fuselage ( un central et un autre au niveau du canon à droite
). Les munitions pouvant être emportées sont les
suivantes
Missile courte portée air-sol Hughes AGM65 Maverick (
rayon daction 3 km )
Le DWS 39 ( développé conjointement par DASA et FMV )
permet de disperser des sous munitions ( 24 bomblets pour
détruire les pistes de décollage, 96 bombes à
fragmentation, 120 mines antitanks, 504 bomblets SB44 ou
1848 bomblets M42GP ). Ce missile est équipé de son
propre système de navigation inertiel, dun radar
altimètre et dun ordinateur embarqué. Il peut
recevoir des données sur sa route et sur sa cible via le
bus de données MIL-STD-1553B. Il pèse 600Kg et est
monté sur un point demport sous voilure.
Bombes M50 et M60, et roquettes ( pods Bofors M70 )
Missile anti-navires moyenne portée Saab Rbs 15F ;
il a une portée de 100 Km à haute ou basse altitude,
est équipé dun système de transmission de
données INS pour une correction de trajectoire à
mi-course et dun radar de guidage activé en fin de
course.
Missiles air-air Aim120 AMRAAM
Doctrine demploi
Le Gripen a été conçu afin de satisfaire à la doctrine
demploi en vigueur en Suède. En effet, en vue de réduire
sa vulnérabilité à des attaques aériennes, larmée de
lair suédoise disperse ses appareils sur des bases
décentralisées formées par le réseau routier du
pays. Les appareils doivent donc être capables datterrir
et de décoller sur des courtes distances ( 800 m ), leur
maintenance doit être aisée, rapide, automatisée et
simplifiée au maximum afin dêtre réalisée par des
appelés bénéficiant dune formation minimum. De plus, le
temps de préparation de lavion entre deux vols doit être
réduit au maximum : 10 min pour une mission air-air et 20
min pour une mission air-sol.
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