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Aviation militaire risques de collision |
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Comment fait un chasseur pour repérer et éviter le trafic environnant ? Le peut-il vraiment ? |
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Le temps de réaction dépend de la vitesse de rapprochement (face à face ou plein
arrière, etc...). En haute altitude supersonique, disons M 1.5 sur M 1.5 en
face à face, ça donne 30 NM/mn... donc un peu plus de 900 m/s... On voit un
avion en face à face à une petite dizaine de nautiques... Donc il y a
le temps... si l'on regarde dehors et que l'on sait où chercher. En basse
altitude, avec 5 km de visi, et toujours un face à face à 450 kt (vitesse de
croisière en entraînement) : 450 m/s de vitesse de rapprochement... donc 13
secondes. Le problème est qu'on ne regarde pas forcément au bon endroit au
bon moment. Il faut rester persuadé que ne pas balayer le ciel du regard
(avec méthode) toutes les dix à quinze secondes est dangereux.
On n'a pas de TCAS (faut pas être con, on est là
incognito, on va pas brancher le transpondeur !). Une seule solution :
regarder dehors. Ce qui s'apprend, s'entretient, s'éduque.
Ce qui me fait le plus marrer, c'est quand j'entends le discours (habituel
en aéroclub) selon lequel les chasseurs ont toujours la gueule dans le radar
et ne regardent jamais dehors... L'expérience montre que c'est exactement le
contraire...
Ceci dit, il faut parler du léger
avantage que possèdent les chasseurs dotés de radars performants même en
très basse altitude (Mirage 2000 RDI, et Mirage 2000-5): Les textes réglementaires de
l'armée de l'air sont formels et sans appel: le moyen d'anti abordage
principal et le plus efficace utilisé par tous les chasseurs évoluant en
Très Basse Altitude (500 ft AGL) reste la bonne vieille méthode du "SEE AND
AVOID" : voir et éviter!
Eh oui, les yeux restent un capteur utilisé avec efficacité et assiduité par
tous les pilotes d'avion de chasse! avec tous les avantages et inconvénients
indiqués plus haut en matière de temps de réaction et d'anticipation pour
réagir en cas de besoin.
Lorsque l'on monte un peu (à partir de 1000 ft AGL) on peut utiliser les
radars de bord et "partager" son temps de travail entre scope radar et
surveillance du ciel. Là encore, c'est une répartition qui ne va pas dans le
sens du "tout dans la cabine": le danger est dehors. il faut surveiller le
sol, les autres aéronefs, les oiseaux sans compter tous les objets bizarres
que l'être humain a eu la judicieuse idée d'inventer: ballons, ULM,
parapentes, planeurs, etc.
Mais là encore la probabilité de détection n'est pas très élevée dans la
mesure où les vitesses de tous ces aéronefs n'est pas élevée, les matériaux
utilisés ne sont pas forcément refléchissants pour nos radars.
Au dessus de 1500ft AGL on quitte le domaine de la TBA (très basse altitude)
pour rejoindre celui de la BA (basse altitude) puis de la MA (moyenne
altitude).
Vous pourrez ainsi croiser des chasseurs en VFR dans des espaces de classe G
ou E jusqu'au FL 115 inclus !
Donc de 500ft AGL au FL 115... y'a de quoi en croiser du monde !!!!!
Pour les avions dotés de radar air-air, la probabilité de détection est tout de
même élevée sur les avions de tourisme, mais on ne peut tout voir! En tous
cas: point de tracking mode 3A ou mode C à moins de programmer un transpondeur
du style 7000 sur notre interrogateur......mais nous nous en servons
également pour identifier les autres avions de combat....il faut donc faire
des choix !
Pour l'altitude, seul le radar de bord peut nous l'extraire: donc pas de
contact, pas d'altitude !
Enfin, tous les avions militaires évoluant en dessous de 1500ft AGL font de
l'auto-information....sur une fréquence UHF veillée par tout le monde
militaire et permettant ainsi de nous déconflicter entre nous. Il arrive
également que nous reportions la position des trafics civils que nous
croisons dans certaines zones mais bien entendu cela reste parcellaire.
Une chose est sûre, les chasseurs voient certainement beaucoup plus de
choses dehors que nos amis des aéroclubs !
En ce qui concerne les couloirs TBA du réseau TBA Défense: ATTENTION !!!!!
les avions y évoluant sont très souvent à trés grande vitesse (jusqu'à
600kt) et à très très basse altitude (200ft) grâce aux systèmes de suivi de
terrain automatiques. Là, la surveillance des systèmes ne permet plus qu'une
surveillance du ciel réduite ! Un conseil (et pourtant chaque année, des
avions de tourisme passent dans ces zones au mépris du danger, souvent par
ignorance): EVITEZ CES ZONES !
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Y a-t-il souvent des collisions en vol ? |
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Les collisions chasseurs / autres avions sont rares. Les abordages entre
chasseurs le sont moins : c'est un peu normal compte tenu des missions
(combat, attaque à plusieurs d'un même objectif... ). Tout ce que les
pilotes "normaux" font pour s'éviter... les chasseurs doivent faire le
contraire dans le cadre de leur boulot. Là aussi il y a des méthodes, des
techniques et des procédures, mais ça ne garantit pas une sécurité absolue.
A titre indicatif, on a vu en 2001 une collision F-16/Cessna 172 aux USA, et une autre (F-16/ULM)
en 2002 en Belgique.
Pendant ce temps, se produisaient de nombreuses collisions en vol entre chasseurs
(F-15 en Ecosse, F-16 au Japon, F-18 dans le Nevada par exemple... sans parler des légers frottis
comme au sein de la Patrouille de France en avril).
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Un modèle réduit peut-il faire des dégâts en percutant un chasseur ? |
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"On m'a dit que les chasseurs étaient blindés et ne risquaient rien.
Est-ce que c'est vrai ? Et mon modèle réduit, il risque pas d'être détruit ?"
La réponse est essentiellement variable en fonction de l'endroit où va taper
ton jouet !
En gros la chronologie sera la suivante :
T0: choc entre ton modèle réduit et l'avion militaire qui aura eu la
mauvaise idée de passer par là à ce moment là (c'est quand même bête!
m'enfin !)
T0+0.005 sec: trou dans l'avion militaire (quel que soit l'endroit où aura
tapé le modèle réduit!) et désintégration du modèle réduit! ( à l'exception
du bloc moteur!) Si tu as déjà vécu le syndrôme du bourdon qui s'écrase sur
le pare-brise en laissant une jolie trace jaunatre, imagine ton bloc moteur
de 1 kg, tapant dans une quelconque partie du chasseur à une vitesse
relative d'environ 400kt!
T0+0.05 sec: gros problèmes pour l'avion militaire! Et peut-être aussi gros
problème pour son équipage! En fonction de l'endroit où aura tapé le modèle
réduit, soit rien de vital n'aura été touché et le chasseur pourra se poser
au plus tôt, soit un organe vital aura été touché (équipage, réacteur,
circuits) et au mieux, le fait d'avoir fait voler ton modèle réduit ce jour
là aura pour conséquence la perte d'un appareil de quelques centaines de
millions de francs et l'éjection de son équipage (ça fait toujours du bien
de se prendre 16 G dans le derrière !) ou bien au pire, la perte d'un
appareil et de son équipage, à propos duquel il n'existe pas de barème de
valeur...
T0+1 sec: tu as les boules car tu viens de te faire ruiner ton modèle
réduit!
T0+ le restant de ta vie: tu raques pour rembourser les dégâts et dédommager
les familles des victimes. (à ce propos, tu as souscrit une
assurance... bien sûr !)
Il va sans dire que je n'envisage là que le cas d'un choc entre ton modèle
réduit et un avion de combat. Si tu envisages le risque d'une collision avec
un appareil de transport, tu doit intégrer le fait qu'il s'agira là d'un
équipage d'au moins 5 personnes sans compter les passagers et qu'en cas de
gros soucis ils ne pourront pas abandonner le bord au moyen d'un siège
éjectable ou de parachutes.
Tu diras aussi à ta source de confiance en matière de blindage aéronautique,
que s'il est vrai que certains avions sont dotés de blindages de leur
cockpit (le A-10 ou le Su-25 par exemple), il n'en va pas du tout de même
pour la très grande majorité des aéronefs évoluant dans les cieux de notre
belle planète. En effet, la masse étant un facteur limitatif des lois
aéronautiques, nos ingénieurs cherchent au maximum à limiter les sur-poids
par l'ajout de blindages !
Conclusions : vos modèles, vous les faites voler au ras du sol, ça vaudra mieux pour tout le monde...
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Comment peut-on voler vite et bas sans risque dans un chasseur ? |
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Tout dépend du profil de mission et du type de matériel utilisé. En
épluchant les zones d'entraînement type R-45 à la loupe, on observe que
ces zones sont "étagées" à différentes altitudes. Jusqu'à 500 ft sol, c'est du vol a vue classique
que sait parfaitement réaliser tout pilote de combat quelque soit son type
d'avion et son type de mission. C'est de l'entraînement de base et on
apprend à voler à 500 ft /450 kt depuis tout petit. Dans ce cas, c'est du
"SEE AND AVOID" pur et dur. Ce type de mission est réalisé tout les jours en
espace G. (entre autres)
Pour les missions de pénétration TBA (Très Basse Altitude) dans les zones de type R-45, la hauteur
de vol peut descendre jusqu'à 200 ft et la vitesse grimper jusqu'à 600 kt !
Il y a quelques années, les pilotes de Jaguars auraient dit que ce n'était
qu'une question d'entraînement et que ce type de vol peut se réaliser sans
problème. Soit, mais n'oublions pas que plus on se rapproche du sol et plus on
accélère, plus on se concentre sur sa trajectoire....en restreignant son
champ de vision au secteur frontal. L'anti abordage en prend donc un
coup.... d'où la création de telles zones dans lesquelles on peut se
concentrer sur le trait. Il va sans dire que tout autre aéronef étranger à
la mission ( qu'il soit civil ou militaire) n'a pas trop intérêt à couper la
trajectoire de ces itinéraires pendant les créneaux d'activation. ( même si
la fréquence d'auto-info TBA UHF militaire , permet d'éviter des
trajectoires conflictuelles ) Il me semble bien qu'elles sont imperméables à
tout trafic pendant ces fameux créneaux.
La solution adoptée sur les avions de dernière génération, consiste à
utiliser un radar de suivi de terrain qui permet de coller au relief ( Mirage
2000 N et D), cela permet à l'équipage et surtout au pilote en place avant
de surveiller le ciel pendant que le PA se charge de la trajectoire...sous
l'oeil vigilant du NOSA (Navigateur Officier Système d'Armes).
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Collisions volatiles |
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Les collisions volatiles sont relativement courantes.
Un pilote de combat en connait une petite dizaine dans sa carrière.
Ca arrive plutôt à grande vitesse, quand les "piafs" n'ont pas le temps de réagir.
Souvent, les oiseaux voient arriver l'avion au dernier moment et tentent une manoeuvre désespérée
(souvent de "tout rentrer" et de se laisser tomber), mais ça ne marche pas toujours.
En général, de notre coté, on cabre violemment pour les éviter (parce que s'ils se laissent tomber,
ça aide : tout le monde va dans le sens qui favorise le croisement).
En phase d'approche avec le phare allumé, les oiseaux nous voient en général de loin et ont surtout le
temps de réagir à cause de notre vitesse relativement faible.
A grand vitesse, un oiseau dans le pare-brise, ça donne à peu près le bruit d'un coup de fusil tiré dans le cockpit...
Temps de réaction du pilote face à l'oiseau qui lui arrive dessus : de 0 à 4 secondes... autant dire pas grand chose...
C'est souvent sur des manoeuvres réflexes comme ça qu'on a des dépassements de facteur de charge.
Sur les avions actuels, la combinaison n'a pas vraiment le temps de réagir.
Mais ce n'est pas très grave, les Gs sont chiants quand ils durent, pas sur des manips courtes comme ça.
Sauf sur avion à commandes électriques avec les problèmes de G-loc, mais c'est un autre problème.
Quand on prend l'oiseau dans le pare-brise, c'est heureusement assez rare qu'il soit tout "enbousé".
Le vrai problème est en cas de rupture (le pare-brise casse très rarement, par contre c'est arrivé avec
les glaces latérales). Si on ne voit rien devant, il suffit de se poser en patrouille serrée,
ce n'est pas un gros problème.
Bon, je dis qu'il casse rarement mais les nouveaux pare-brise panoramiques sont beaucoup plus fragiles.
Les pilotes de F-16 ont une réelle trouille des collisions volatiles.
En fait, les dégats dépendent essentiellement... de la chance (ou malchance) que l'on a.
Des copains se sont posés avec des réacteurs quasiment vidés de leurs aillettes et qui poussaient encore.
D'autres se sont éjectés suite à l'ingestion d'un piaf qui a tout éteint d'un seul coup...
En général : soit ça pousse encore et alors tu ne touches plus à la manette et tu te pointes sur le premier
terrain de déroutement acceptable. Soit ça tousse et ça s'arrête alors tu nettoies l'avion
(tu jettes tout ce qu'il y a sous l'avion... en donnant un petit coup d'oeil au dessous pour vérifier qu'il
n'y a personne, bien sûr), tu cabres, tu tentes un rallumage (qui a peu de chances de réussir)
et si au sommet du cabré, ça n'a pas rallumé... tu te pébroques... Simple.
Et surtout, il ne faut pas chercher à inventer : trop de mecs ont laissé leur peau en voulant
tenter un double rallumage aussi héroïque qu'inutile, puis ont sauté hors domaine du siège...
Ceci dit, les collisions volatiles, ça arrive aussi sur les avions de ligne ou les avions de tourisme,
avec des résultats tout aussi inquiétants.
Mais comme ces appareils ne volent pas à grande vitesse à très basse altitude,
c'est beaucoup plus rare que les conséquences soient très graves.
Le plus courant, c'est un vol d'oiseaux qui décolle en même temps que l'avion, et qui se retrouve illico presto
dans les réacteurs... avec souvent une extinction dudit réacteur si le nombre ou la taille des oiseaux est trop importante.
Il est à noter que les normes de certification des réacteurs, notamment dans l'US Air Force, incluent la résistance à
l'ingestion d'un certain nombre d'oiseaux. Mais bien sûr, ça reste limité... face à un condor de 6 kilos,
on ne peut pas grand chose. Un tel oiseau a littéralement pulvérisé un F-4 Phantom qui s'entraînait en Espagne...
il est entré par le cockpit et est ressorti à la base de la dérive. Pourtant,
le Phantom n'est pas réputé pour être de conception légère ;o)
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Les chasseurs peuvent-ils repérer au radar un avion en trajectoire de collision ? |
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Il faut, en très basse altitude faire un choix entre avoir la tête dans la
cabine pour regarder son radar (y'a des itinéraires réservés pour ça !) et
regarder dehors ! (ce que nous faisons en TBA !) d'où la toujours en vigueur
règle du "voir et être vu" et du "voir et éviter". Nous ne faisons du
travail radar qu'en "basse altitude" soit au dessus de 1500 ft asfc. Tout
simplement parce qu'à cette altitude, on peut s'affranchir un moment du plus
grand danger qui soit : le sol !
Il vaut mieux pour un VFR, voler au dessus de 2000 ft....
Mais sachez que nous faisons du vol à vue jusqu'au FL 115 !!!
en utilisant des FL +5 (35, 45, 55, etc...)
Au radar: peu de chance d'avoir un plot qui tient longtemps sur un avion
léger! Sur un planeur ou un ULM : c'est illusoire!!!
Par contre si vous transpondez 7000: on vous voit!!! (enfin votre plot
IFF!) et on peut s'écarter même si on n'a pas contact radar!
Moralité: en TBA attention ! 7000 au transpondeur et si vous vous écartez de
plus de 5km de votre terrain en TBA.....vous pouvez tout à fait croiser un
avion pointu et rapide. Plus que jamais: "SEE AND AVOID!"
Ceci dit, tous les avions de chasse ne sont pas dotés de radar d'interception.... ni
d'interrogateur IFF.
En disant que "si vous transpondez 7000: on vous voit!", je parle pour ma
paroisse et les avions de la génération Mirage 2000C et au delà !
Un M2000D ou N par exemple, n'est pas doté de tels matériels même si il
possède un radar....de suivi de terrain ! Un Jag ou un Mirage F1 (toutes versions) non plus !
Et encore faut-il que nous demandions au système de décoder les plots secondaires en
7000....il va de soit que si nous utilisons d'autres modes d'interrogations
pour l'exécution de notre mission....on ne visualise pas les 7000! c'est
donc fromage ou dessert. Cependant, lorsque l'on fait des missions
d'interception basse altitude, il y a toujours un des avions qui scanne les plots
en 7000! okazou!
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