Naissance du programme Tigre
Evoluant très rapidement à basse altitude, l'hélicoptère se distingue de l'avion par sa
capacité à rester en vol stationnaire, puis de décoller et d'atterrir verticalement. Ainsi,
l'hélicoptère se verra attribuer les diverses missions de liaison, de reconnaissance, de
transport, d'appui feu et de lutte anti-char. L'énorme puissance blindée du Pacte de
Varsovie rendit particulièrement importante cette dernière fonction et, à partir de 1963,
des Alouette III armés des missiles SS11 seront les premiers hélicoptères français utilisés
dans le combat anti-char. Puis, les Gazelle remplaceront les Alouette, et tireront
le missile franco-allemand HOT, tiré côté allemand par le BO105.
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Cependant, les Gazelle et BO105 ne sont pas des hélicoptères purement anti-char, mais
ont été conçu comme des appareils simples pouvant être adapté à un grand nombre de
missions, tout en étant disponible sur le marché civil. Il en résulte un certain nombre de
lacunes dans la mission anti-char : absence de blindage, autonomie réduite, incapacité
de combat nocturne...
Dès 1974, l'Allemagne exprime le besoin d'un hélicoptère anti-char, pour prendre la
relève des BO105. Elle est rejointe en 1975 par la France, souhaitant suivre un projet
commun, dans la lignée des programmes Transall et Alphajet. Le Memorandum of
Understanding n'est signé qu'en 1984 puis modifié en 1987. Le contrat de
développement est enfin signé en novembre 1989. Ainsi est créé Eurocopter Tiger
GmbH, filiale de ce qui va devenir en 1992 Eurocopter SA, alliance des branches
hélicoptères d'Aérospatiale et de DASA.
Développement et mise en service
Dès 87, deux versions du Tigre sont prévues,
commune à 80%. La première version,
appelée HAC en France et PAH2 en Allemagne, est destinée au combat anti-char
et
emportera les missiles de troisième génération HOT3 et TRIGAT autoguidés
(fire and
forget : "tire-et-oublie" ), par opposition aux HOT2 ou TOW, filoguidés,
qui nécessitent une visée de
l'hélicoptère durant toute la durée du tir. Ces missiles sont guidés par un
viseur de
mât, assurant la discrétion du Tigre pouvant rester dissimulé. Ce viseur,
appelé Osiris,
emporte une caméra à amplification de lumière et une caméra thermique. Une
autre
caméra thermique est située sous le nez de la machine. La seconde version,
appelée
HAP, plus polyvalente mais destinée seulement à la France, doit répondre aux
missions
de reconnaissance et d'appui-feu, grâce à un canon de 30mm sous le nez, et
d'un viseur
de toit, au-dessus de la tête de l'officier de tir.
L’eclatement du pacte de Varsovie eut un impact considérable sur le programme : la fin
de la menace blindée de l’Est remet en cause l’utlité d’un hélicoptère spécifiquement
anti-char. En 1993, l’Allemagne annule ses commandes de PAH2 pour les remplacer par
des UHT, qui, grâce à la capacité d’emport de roquettes et d’un pod canon de 12,7mm,
obtiennent une capacité d’appui. La France réduit dans un premier temps ses
commandes de HAC pour augmenter celles de HAP. Ce n’est qu’en 2001 que l’ALAT
révisera ses commandes de HAC au profit du multirôle HAD, HAP câblé pour pouvoir tirer
des HOT et TRIGAT, la mise en service de deux appareils spécialisés n’étant plus
justifiée.
Le Tigre est un appareil résolument moderne,
mettant en service des technologies de
pointes. Son fuselage est intégralement réalisé en matériaux composite, et
si
l'allégement ainsi obtenu accroît son agilité et sa maniabilité, sa
signature radar en est
également affaibli. Cette dernière est de plus limitée par l'étroitesse de
la silhouette,
ainsi que par l'utilisation de peinture à faible émissivité infrarouge.
Appareil robuste, le
Tigre supporte les conditions nucléaire, bactériologique ou chimique (NBC),
les moyeux
et les pales résistent à des tirs de 7,62mm, les réservoirs sont
auto-obturant et la boite
de transmission principale peut fonctionner sans huile pendant au moins une
demi-heure.
En cas de crash, le train principal absorbera une partie du choc, puis la
déformation du fuselage
resorbera le reste de l'energie, assurant au maximum la survie de
l'équipage.
Fruit du consortium MTU, Turboméca et Rolls-Royce, le moteur biturbine MTR390 est
protégé par une parois blindée, et ses flux chauds sont dilués par les pales. Les
détecteurs de radars et de lasers assurant une surveillance à 360° autour de l'appareil
peuvent répondre à une menace par des leurres électromagnétiques ou infrarouges. Le
cockpit en tandem donne à l'équipage une bonne vue sur les deux côtés, au pilote -
devant - une meilleure visibilité en vol tactique, et au tireur - derrière, surélevé - une
excellente vue d'ensemble. A l'exception du tir anti-char réservé au tireur, les deux
membres d'équipage peuvent effectuer les mêmes tâches. La protection anti-aérienne
est assurée par un couple de missiles Mistral en bout de bras pour les hélicoptères
français, ou de Stinger pour les allemands.
Le premier prototype du Tigre vola pour la première fois le 27 avril 1991, à Marignane.
Le premier UHT sera livré à l’HEER en décembre 2002, suivi par le premier HAP livré à
l’ALAT en juin 2003. L’école Franco-Allemande du Luc commencera la formation des
équipages dès juillet 2003 sur simulateurs, et recevra les premiers Tigre au fur et à
mesur de leurs livraisons. L’école atteindra sa pleine capacité en 2008. Vers la fin 2004,
le premier régiment de Tigre HEER entrera en service. 3 autres régiment seront mis en
place à terme. L’ALAT recevra 4 Tigre HAP en 2004, puis 8 par an jusqu’en 2014, qui
équiperont le 5ème RHC à Pau en 2005, puis le 3ème RHC à Etain en 2007, et le 6ème RHC à Compiègne en 2009.
En Australie, le premier ARH sera livré en novembre 2004.
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