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Guide d'identification Avro 683 Lancaster |
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Plan 3 vues |
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Carte d'identité |
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Type |
Bombardier stratégique et missions spéciales (« dam busters », bombes hors gabarit), reconnaissance, sauvetage terrestre et maritime (SAR), remorqueur de cibles. |
Dates clés |
- Premier vol : 9 janvier 1941
- Livraison en septembre 1941
- Dernière livraison : 2 février 1946
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Constructeur |
A.V Roe Ltd (également Armstrong Whitworth, Austin Motors, Metropolitan-Vickers et Vickers-Armstrongs en Grande-Bretagne, ainsi que Victory Aircraft au Canada) |
Equipage |
7 hommes (pilote, mécanicien navigant, radio, navigateur, bombardier/mitrailleur avant, mitrailleur de queue et de tourelle dorsale).
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Historique |
si vous êtes pressé |
Esthétique ingrate, mais avion de légende : tel pourrait être la description de ce qui fût le cheval de bataille du « Bomber Command » britannique durant la Seconde Guerre Mondiale. Pourtant, le Lancaster était l’héritier direct d’un avion raté, le Manchester. Le premier prototype était d’ailleurs encore à 75% un Manchester, dont il reprenait la triple dérive. Pouvant emporter plus de bombes que n’importe quel autre appareil équivalent, le Lancaster fût de tous les coups durs : bombardements massifs au-dessus de l’Allemagne mais aussi missions spéciales où il obtint une grande notoriété (destruction de barrages et emport de bombes de grande taille).
Après guerre le « Lanc’ » fûr encore utilisé quelques temps (la France fût heureuse de pouvoir en disposer) mais surtout on en dériva quelques avions qui eurent un certain succès. Il y eut tout d’abord le Lancastrian, simple Lancaster civilisé, avec son emport dérisoire de 13 passagers. L’avion de ligne Avro « York » qui participa au pont aérien sur Berlin empruntait pour sa part les ailes, le train, les moteurs et l’empennage du Lancaster. Les mauvaises langues ajouteraient « et sa grâce »… Enfin Avro développa le Shackleton d’une base de Lancaster. Cet increvable patrouilleur maritime ne fût retiré du service actif que dans les années 1980.
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historique détaillé |
Produit par la firme qu’avait fondé le célèbre Sir Alliott Verdon-Roe (d’où le nom « Avro »), l’Avro-679 Manchester, fût un échec en raison de la faiblesse de ses deux moteurs Rolls-Royce Vulture.
Le Ministère de l’Air britannique envisagea alors dés 1940 une version munie de 4 moteurs plus fiables. Montés dans l’excellente cellule du Manchester, les Rolls Royce Merlin allaient donner le jour à un bombardier très efficace. L’idée avait d’ailleurs été adoptée d’emblée par Handley Page pour son Halifax. Il fût initialement nommé Manchester III avant d’être rebaptisé Lancaster, afin de redonner confiance aux équipages pour qui le Manchester était une savate.
A l’inverse de son prédécesseur, le Lancaster se comportait magnifiquement, avec d’excellentes qualités de vol, une bonne vitesse et un emport de bombe important. Sans bombes et sur un seul moteur, le Lanc’ pouvait encore voler, quoiqu’en légère descente. Sur deux moteurs il maintenait le palier ! La légende veut que Roy Chadwick, l’ingénieur en chef chez A.V Roe se soit exclamé lors du premier vol du prototype : « Et bien ! Quel avion ! Quel sacré avion nous avons là !! ». Après la guerre, Sir Arthur Harris, ancien chef du Bomber Command britannique déclara qu’il avait été « notre meilleur atout pour gagner la guerre ».
Le prélèvement d’une cellule de Manchester sur la chaîne de montage permit de gagner du temps pour réaliser le premier prototype. Il vola pour la première fois le 9 janvier 1941 et les performances furent très bonne. Après des essais intensifs, le Lancaster fût commandé en grande série : une commande pour 1070 appareils fût signée avec Avro mi-1941 et les premiers appareils de série sortirent en octobre. Pour combler les pertes et produire toujours davantage, le Lancaster fût également produit au Canada, sous licence. Mais le début de production fût très laborieux : en mai 1942 seuls 29 exemplaires étaient en service dans le Bomber Command. D’autres bombardiers moins efficaces, comme le Wellington, Halifax, Stirling, allaient donc encore se faire tailler en pièces au-dessus de l’Europe occupée. L’intégralité de ces 29 appareils fût d’ailleurs engagée dans le premier bombardement « de 1000 avions » au-dessus de Cologne (comme la plupart des machines en état de vol du reste…) et le Lancaster s’établit alors rapidement une excellente réputation au sein du Bomber Command. Il était apprécié pour son rayon d’action et son extraordinaire emport de bombes, mais les équipages l’appréciaient aussi pour la fiabilité des moteurs Merlin et sa faculté de les ramener à bon port malgré de gros dommages. A noter que la tourelle ventrale qui équipait les premiers exemplaires disparut assez rapidement car il fût jugé qu’elle était inutile lors des missions de nuit. Cela n’améliora pas le potentiel défensif d’un avion considéré comme sous-armé : la portée de ses mitrailleuses étant inférieure à celle des armes des chasseurs…
De nombreux autres avions étaient munis du Merlin (Mosquito, Spitfire…) et comme la production était lancée à grande échelle on craignit une pénurie de ce moteur. Un long programme d’essai valida alors l’installation de moteurs Bristol Hercules sur le Lancaster : ce fût la version II de l’avion, opérationnelle en mars 1943. Elle possédait de bonnes caractéristiques de vol, mais ne parvint pas à égaler la version « Merlin ». Le Mark II avait de meilleures performances de décollage, montée et vol à basse altitude, mais volait plus lentement et consommait plus que le Mark I. L’arrivée de moteur Merlin construits sous licence en Amérique sonna le glas de la version II, après seulement 301 exemplaires produits. Les caractéristiques d’emport de bombes évoluèrent d’une version à l’autre, pour culminer avec l’emport de « Grand Slam » (10 tonnes) sur des appareils adaptés : renforts de structure et trappes de soute ôtées sur trente appareils, début 1945.
Le roi des missions de nuit
L’aviation américaine opérant de jour, partiellement protégée par sa haute altitude de croisière, elle ne s’est pourtant pas aventurée profondément en Allemagne tant qu’elle n’a pas disposé de chasseurs d’escorte à long rayon d’action. Le Bomber Command préférait opérer à la faveur de la nuit car pour sa part, il a opéré très tôt au-dessus du cœur de l’Allemagne. Il fallait alors une bonne météo et un ciel sans lune pour que la mission se fasse avec un minimum de risques, si l’on ose dire. La navigation se faisait à l’estime, pendant des heures, et nombreuses furent les erreurs de localisation de la cible. Vers le milieu de la guerre pourtant, des Lancaster furent équipés du radar de navigation H2S, qui donnait à ses opérateurs un bon aperçu de la surface du sol (ville, campagne….) malgré le couvre-feu. Ces équipages spécialement équipés étaient les plus expérimentés d’Angleterre, on les nommait les « Pathfinders » (éclaireurs) et ils allaient en avant des immenses formations de bombardiers pour leur désigner précisément la cible à l’aide de bombes éclairantes. La chasse de nuit allemande faisait des ravages, et les pertes étaient effroyables. Ainsi en 1943, un peu plus de 4% des bombardiers étaient perdus à chaque mission. Les équipages devaient participer à 30 missions avant de quitter le front. En clair, de façon purement statistique il n’y avait aucune chance de finir la guerre vivant. « De façon assez typique pour les britanniques, nous n’avons jamais manqué de volontaires ! » commente non sans malice un survivant. Le bombardement était statistiquement l’Arme où l’on avait le moins de chance de finir la guerre vivant.
Quelques chiffres impressionnants
A la fin des bombardements massifs sur Berlin, le Bomber Command britannique avait perdu plus de 1000 appareils, des Lancaster pour la plupart. Dans cette campagne, 3347 hommes moururent dans les bombardiers lourds anglais. De telles pertes sont bien sûr énormes mais dans une étude d’après-guerre, le Bomber Command reconnut que sans le Lancaster il aurait dû renoncer à sa campagne de bombardement de nuit. Les pertes auraient alors été de bien plus de 20% à chaque mission… Ces chiffres illustrent le contexte dans lequel le Lanc’ fût employé et gagna ses titres de gloire. Il largua 608 612 tonnes de bombes au cours de 156 000 missions de guerre. Cela représente 132 tonnes de bombes larguées pour chaque avion perdu, à comparer aux 86 tonnes pour un Halifax, et 41 pour un Stirling. En tout 3932 Lancasters furent perdus pendant la guerre.
Les briseurs de barrages (« The Dam Busters ») : opération « Chastise »
C’est ainsi que se nomme encore le Squadron 617 du Bomber Command, en hommage à la plus célèbre mission effectuée par des Lancaster. Le but en était de détruire trois barrages, afin de provoquer l’inondation de grandes régions industrielles allemandes. La destruction des barrages par des torpilles était impossible, les allemands ayant disposés des filets sous-marins en amont pour protéger les édifices. L’ingéniosité de Sir Barnes Wallis (de chez Vickers) trouva alors une solution : une bombe cylindrique de 5 tonnes qui devait être larguée au-dessus de l’eau, à une certaine hauteur, à une certaine vitesse et à une certaine distance de la cible ! La bombe devait auparant être mise en rotation inverse au sens du déplacement (à 500 tours/min), et ce dans la soute de l’avion ! Une fois larguée, la bombe devait ricocher sur l’eau avant de se heurter finalement au barrage, de couler et d’exploser sous l’eau pour une destruction maximale. Avro fabriqua alors 23 Lancaster III à la soute spéciale pour abriter le dispositif de mise en rotation. Sur ces 23, seuls 19 décollèrent en ce fameux soir du 16 mai 1943, commandés par le Wing Cdr. Guy Gibson. A la suite d’avaries de deux d’entre eux, seuls 17 participèrent effectivement à la mission. 8 furent détruits, ce qui fit de cette mission l’une des plus meurtrières. Les dégâts occasionnés furent très important et ce bombardement fût considéré, de façon officielle, comme le plus précis de toute la guerre. Cela valut à Guy Penrose Gibson la Victoria Cross. Avec la mise à mort du Tirpitz dans un fjord norvégien en 1944, cette mission reste l’exploit le plus célèbre du Lancaster.
Fin de vie
Le Lancaster resta en service actif dans la RAF jusqu’en février 1954. Le Canada eut encore des Lanc’ de reconnaissance photo jusqu’en 1964. Glorieuse fin de vie pour le Lancaster, puisqu’il fût à l’origine de plusieurs autres avions, tant civils que militaires. Les derniers développements du Lancaster donnèrent ainsi naissance à l’Avro Lincoln, dernier bombardier à pistons de la R.A.F, et de la cellule du vieux Lanc’ on développa aussi le Shackleton, à l’esthétique bien particulière, avion de patrouille maritime et de lutte ASM, et qui fût utilisé jusque dans les années 1980.
Dans le domaine civil, l’Empire britannique exsangue convertit tant bien que mal le Lancaster en avion de ligne pour ne pas acheter étranger (lire : américain). Le résultat fût le Lancastrian, à la rentabilité médiocre.
Plus réussi, l’Avro York participa activement au pont aérien sur Berlin en 1948. Il reprenait les ailes, les moteurs, le train et l’empennage du Lancaster, et son développement en fût d’autant plus rapide.
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Spécifications |
Dimensions (Mk I) |
Envergure |
31,1 m |
Longueur |
21,1 m |
Hauteur |
5,97 m |
Hauteur |
125,45 m² |
Masses (Mk I) |
Masse à vide |
16 705 kg |
Masse en charge |
30 800 kg |
Masse max. |
31 750 kg (avec une bombe de 9 979 kg) |
Performances (Mk I) |
Vitesse maximale |
462 km/h à la masse maxi à 3 500 m d'altitude |
Vitesse de croisière |
338 km/h |
Vitesse économique |
346 km/h à 20 000 ft |
VNE |
579 km/h |
Montée à 20 000 ft |
41 min. à masse max. |
Plafond pratique |
7 470 m |
Distance d'atterrissage (15 m) |
915 m à masse moyenne |
Distance de décollage (15 m) |
1 415 m à MTOW |
Autonomie |
2 675 km avec 6 350 kg de bombes |
Aspects techniques |
Performances |
Issu du Manchester, le Lancaster représentait une réelle amélioration des données : Le passage de deux à quatre moteurs fit grimper l’emport de bombes de 4695 kg à 8165 kg, l’autonomie aussi fût augmentée, ainsi que le plafond opérationnel. L’avion était si réussi que son dessin ne changea pratiquement pas de toute sa carrière, seule la motorisation évoluant. Lors des essais, en mars 1941, l’avion démontra un bon comportement dans tout le domaine de vol, entre 100 et 290 mph d’IAS (vitesse indiquée). Seule une action nécessaire au palonnier, croissant avec la vitesse, fût remarquée. L’avion avait aussi tendance à se déporter sur la gauche au décollage : cela fût résolu en donnant davantage de gaz sur le moteur n°1 et en se mettant en ligne de vol aussi vite que possible, afin de rendre la gouverne de direction efficace. En mai, le second prototype débuta ses essais. Il n’avait plus la dérive centrale du Manchester mais une double dérive nouvelle de grande dimension. Contrairement au 1er prototype, il portait également une tourelle ventrale et dorsale. Enfin, des Merlin XX de 1280 ch remplaçaient les Merlin X. |
Voilure |
La voilure se composait de cinq sections principales : un tronçon central, deux demi-ailes extérieures et deux extrémités d’ailes amovibles. Le plan central, de dessin rectangulaire, était solidaire du fuselage, dépourvu de dièdre, avec un profil N.A.C.A 23018. Il portait les deux fuseaux-moteurs intérieurs dans lesquels s’escamotaient les jambes du train principal. L’attache de chacune des demi-ailes au plan central se trouvait immédiatement à l’extérieur du fuseau-moteur intérieur. Ces demi-ailes étaient trapézoïdales, avec un dièdre de 7° et un effilement important en épaisseur. Elles supportaient les fuseaux-moteurs extérieurs. La voilure avait une structure bilongeron et un revêtement renforcé d’un grand nombre de nervures et de lisses longitudinales, à section en oméga. L’âme des longerons était en tôle, boulonnée aux semelles en extrudés, don’t la section variait au long de l’envergure d’un profil en C à un profil carré, puis à un profil en L. La voilure était munie de volets hypersustentateurs à fente, entièrement métalli- ques, en quatre éléments, et d’ailerons à corde constante en alliage léger et et revêtement entoilé avec des volets compensateurs à calage fixe ou réglable en vol. Ils s’étendaient jusqu’aux extrémités des ailes, de forme approximativement semi-circulaire. Les bords d’attaque de la voilure incorporaient des dispositifs pour couper les câbles des ballons captifs des barrages. Les surfaces fixes de l’empennage comprenaient deux demi-plans fixes horizontaux à double longeron, en léger effilement, et deux dérives ovales d’allongement important, sur lesquelles s’articulaient les deux demi-gouvernes de profondeur entoilées et les deux gouvernails de direction, ces derniers à revêtement métallique, tous équipés de volets compensateurs et de masses d’équilibrage extérieures. |
Fuselage |
Le fuselage, de section ovale, comprenait cinq tronçons principaux :
- la pointe avant, avec la tourelledu mitrailleur de nez,
- le tronçon antérieur, qui abritait la cabine de pilotage et dans le ventre duquel commençait la soute à bombes,
- la section centrale qui ne faisait qu’une avec celle de la voilure,
- le tronçon arrière, qui s’étendait du bord de fuite de l’aile jusqu’au bord d’attaque du plan fixe horizontal de l’empennage,
- la pointe arrière, avec la tourelle de queue, l’empennage et la roulette de l’atterrisseur.
Sa structure était classique, en demi-coques avec revêtement renforcé par des lisses longitudinales et des cadres transversaux à section en U, tandis que deux robustes longerons, courant le long de ses flancs (à l’exception des deux tronçons extrêmes avant et arrière), formaient, avec leurs entretoises, l’armature supérieure de la soute à bombes. |
Train d'atterrissage |
Le train d’atterrissage du Lancaster, de type tricycle arrière classique, était équipé d’amortisseurs oléopneumati- ques pour les jambes de train principal, dont les roues mesuraient 1,60 m de diamètre. La roulette de queue fixe avait un diamètre de 0,65 m. Les jambes principales s’escamotaient vers l’arrière, les roues venant se loger dans l’épaisseur de l’aile entre les deux longerons. La nécessité de disposer d’un volume interne suffisant dans les fuseaux-moteurs ainsi que des considérations d’aérodynamique de profil avaient conduit à prolonger ces fuseaux-moteurs jusqu’au bord de fuite de la voilure,et leur pointe arrière était solidaire des volets hypersustentateurs et s’abaissait avec eux jusqu’à un angle de braquage maximal de 56°30’. |
Motorisation |
Le Lancaster fût essentielle- ment motorisé par des Rolls-Royce Merlin XX, XXII ou XXIV, des V12 refroidis par liquide. Il reçut aussi des Packard Merlin XXVIII, version fabriquée sous licence aux USA du moteur anglais. Seule la version II reçut des Bristol Hercules VI ou XVI à 14 cylindres en double étoile. L’installation du Merlin était remarquablement fonctionnelle : la partie inférieure du fuseau-moteur abritait les radiateurs tubulaires du liquide de réfrigération et du lubrifiant, ce qui facilitait considérablement la pose et la dépose de groupes motopropulseurs complets. Les hélices tripales à vitesse constante et mise en drapeau furent de type De Havilland ou Rotol. |
Carburant |
Le circuit d’alimentation en carburant comprenait six réservoirs en tôle d’alliage léger, à l’éprueve des balles des armes automatiques. Dans chacune des ailes, ils étaient logés entre les longerons, l’un entre le fuselage et les moteurs intérieurs, un second entre les moteurs intérieurs et extérieurs, et le dernier au-delà. Leur capacité totale atteignait 9792 litres, auxquels pouvait s’ajouter la capacité d’un ou deux réservoirs auto-obturants de 1818 l installés dans la soute à bombes. Les quatre réservoirs d’huile, de 70,5 l chacun, étaient logés dans les fuseaux-moteurs. |
Cockpit |
Le Lancaster possé- dait un panneau complet d’instruments pour le vol sans visibilité, ainsi qu’un circuit d’alimentation de l’équipage en oxygène respirable, un canot pneumati- que et des plaques de blindage pour la protection du pilote et de certains équipements essentiels. |
Armement |
Mitrailleuses |
L’armement défensif du Lan- caster pouvait aller jusqu’à 10 mitrailleuses Browning de 7,7 mm : quatre dans la tourelle de queue et deux dans les tourelles ventrale, dorsale et de nez. En détail, il était composé de 2 mitrailleuses orientables Browning de 7,7 mm en tourelle de nez, 2 autres en tourelle dorsale et 4 en tourelle de queue. (quelques appareils en reçurent aussi 1 ou 2 en tourelle ventrale, au début). Mark VII : la tourelle dorsale était une Martin avec deux mitrailleuses de 12,7 mm. |
Tourelles |
Les tourelles, de marque Nash & Thomson, étaient toutes les quatre actionnées par commande hydraulique. Dans certaines variantes, des armes de plus gros calibre furent aussi installées, et la tourelle ventrale fût très souvent déposée pour permettre l’installation de matériel électronique comme le radar H2S pour le bombardement sans visibilité. |
Bombes |
La soute, de 10 m de long, contenait typiquement 6350 kg de bombes, mais en diverses occasions ce maximum fût dépassé (8 165 kg).
Dès 1942, les soutes furent aménagées pour l’emport des bombes de 3600 kg et, en septembre 1943, ce fût le tour de la bombe « Blockbuster » de 5450 kg ! On atteignit enfin l’emport d’une unique bombe de 10 tonnes dans certains cas limites (sur le modèle B I Special représenté ci-dessous). Largage d'une bombe "Grand Slam" |
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Versions |
Version |
Spécificités |
1er prototype |
(janvier 1941, matricule BT 308) haute dérive centrale en sus des deux autres gouvernes de direction aux extrémités du plan de profondeur (idem Manchester I). Moteurs Merlin X de 1140 ch. 3 construits. |
2ième prototype |
(13 mai 1941, matricule DG 595) Présence d’une tourelle ventrale, peu fréquente sur les premiers Lanc’ de série. Empennage bidérive. |
3ième prototype |
(matricule DT 810) |
Lancaster B I |
(octobre 1941) dérive centrale supprimée, gouvernes de directions agrandies. Moteurs Merlin XX de 1280 ch. 3425 appareils construits. |
Lancaster B I Special |
Emport de charges spéciales (bombes anti-barrages, bombes « Tall Boy » de 5 tonnes et les plus grosses bombes de la 2nde GM, les « Grand Slam » de 10 tonnes). |
Lancaster B I F.E (Far East) |
tourelle dorsale remplacée par un réservoir de carburant dorsal, entre l’aplomb du bord de fuite et le cockpit, d’une capacité de 5000 litres. Conçu pour bombarder le Japon au sein de la « Tiger Force », il arriva après la fin des hostilités. |
Lancaster B II |
moteurs Bristol Hercules VI de 1650 ch. On craignit un moment un manque de moteur Merlin, mais l’approvisionnement demeura bon et seuls 301 appareils furent construits par Armstrong Whitworth. On notera l’allure très différente de l’avion ainsi motorisé. |
Lancaster B III |
moteurs Packard (construits aux USA donc) Merlin XXVIII. 3039 appareils construits. (pratiquement identiques aux I) |
Lancaster B IV |
équipé de moteurs Merlin conçus pour la haute altitude et munis d’hélices quadripales. (projet) |
Lancaster B X |
(août 1943) version du B I construite sous licence au Canada. Moteurs Packard Merlin type 28, 38 ou 224. Identique au B III donc. 430 appareils construits. |
Lancaster B VI |
(été 1944) tourelles avant et dorsales démontées, ouvertures occultées. Equipement pour leurrer les radars allemands. Moteurs Merlin 87 et hélices quadripales (au lieu des tripales habituelles). Peu d’exemplaires produits. |
Lancaster B VII |
tourelle dorsale américaine Martin (au lieu de la Nash & Thompson) en position plus avancée sur le fuselage. 180 furent construits. |
Production totale : 7377 appareils ! (on trouve parfois 7366)
Les versions Mk IV et V furent des projets seulement, qui devinrent ensuite l’Avro Lincoln Mk I et Mk II.
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Critères d'identification |
Comment identifier le Lancaster ? |
En exagérant à peine on pourrait dire qu’il est impossible de confondre un Lancaster avec tout autre avion, tant sa physionomie est unique, d’aucuns le trouveraient peut-être même laid comparé à son contemporain, le très élancé Boeing B-17 « Flying Fortress ». Pourtant un non-spécialiste pourrait se tromper entre un Lancaster et un autre bombardier quadrimoteur de cette époque, voici donc quelques astuces pour identifier à coup sûr le Lanc’ de quelques avions « proches ».
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Comment distinguer le « Lancaster » du « Manchester » |
- Facile : le Manchester n’a que deux moteurs, des Rolls-Royce Vulture aux entrées d’air caractéristiques ;
- Longue arête dorsale à la base de la dérive sur la plupart des Manchester.
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Comment distinguer le « Lancaster » du « Halifax » |
Certaines versions du « Halibag » ont un nez vitré et une tourelle de nez : elles pourraient donc être confondues avec des Lancaster (voir-ci dessous).
Pourtant la silhouette de chaque appareil les distingue :
- Dérives carrées sur le Halifax (1) ;
- Saumons d’ailes carrés sur le Halifax (2) ;
- Longue verrière sur le Lancaster.
A comparer avec le Lancaster ci-dessous :
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Comment distinguer le « Lancaster » du Short « Stirling » |
La différence entre les deux est flagrante : le Stirling a une sorte de bosse sur la tête tandis que le Lancaster possède une longue verrière plate.
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Pays utilisateurs |
Pays |
Unité, avion, base |
Grande-Bretagne (Royal Air Force) |
Le premier Squadron équipé fût le 44ième (Rhodesia) de Waddington, en septembre 1941, qui fût déclaré opérationnel en mars 1942. La première mission fût le largage de mines devant Heligoland le 3 mars 1942. Pendant l’hiver 1942-1943, aux 18 Squadrons dotés de Lancaster I vinrent progressivement s’ajouter des unités sur Lancaster II et la troisième version du quadrimoteur commença bientôt à arriver également. Dernière livraison à la RAF en février 1946. |
Grande-Bretagne (Fleet Air Arm) |
La Fleet Airm Arm n’a que peu employé le Lancaster : trois appareils (des Mk I) furent transférés de la RAF en 1945. |
France |
Selon le Traité de Washington, la Marine Française devait améliorer le potentiel de ses flotilles de communication et de reconnaissance. Pour cela 54 Lancaster B I (avec moteurs Rolls-Royce XX de 1 280cv) de seconde main furent achetés par l'Aéronavale. Ces appareils étaient immatriculés de WU-01 à WU-54 (WU pour Western Union). Les premiers appareils furent livrés en décembre 1951. Ils furent alignés par les flottilles et escadrilles 24F, 25F, 9S, 10S, et 55S. Les derniers avions ont été féraillés en 1962 et remplacés par des Lockheed P2 Neptune. |
Autres pays |
Canada, Nouvelle-Zélande, Pologne, Australie, Argentine, Egypte. Tous cessèrent cessèrent d’employer le Lancaster vers 1964.
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Témoignages de pilotes |
bientôt disponible !!!! |
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Anecdotes |
- Le Lancaster a donné naissance au premier avion de ligne à réaction ! Le Lancastrian matricule VH472 fût en effet équipé de réacteurs Nene qui remplaçèrent les Merlin extérieurs à titre expérimental. Il va sans dire que l’expérience fût non concluante.
- Les briseurs de barrage devaient voler à précisément 20 m au-dessus de la surface de l’eau afin de lancer leur bombe rotative. Problème : comment savoir qu’on vole précisément à cette hauteur ? L’un des responsables de l’opération eu le déclic un soir au théâtre : les faisceaux de deux projecteurs se rejoignaient sur un acteur… Les Lancaster de l’expédition furent donc munis de projecteurs dont les faisceaux se rejoignaient 20 m sous l’avion.
- Un Lancaster est devenu une célébrité car il a effectué le plus grand nombre de missions. Moins médiatique que le B-17 « Memphis Belle », le britannique « S-Sugar » est néanmoins très spécial aux yeux de ceux qui s’intéressent à cette période.
- Dans la série « c’est quand même fou quand on y pense » : le Lancaster n’avait qu’un seul pilote ! Pas de double commande à l’avant donc, et en cas de pilote mortellement touché au-dessus de l’Allemagne c’est tout un équipage qui se trouvait compromis.
L’instruction sur cet avion était donc assez folklorique, avec un instructeur qui s’installait au centre, sur un tabouret métallique… Après-guerre pourtant, devant l’insistance des futurs utilisateurs français, les anglais mirent au point la double commande tant espérée.
- Il ne reste plus que deux Lancaster en état de vol dans le monde : le « Battle of Britain Memorial Flight's PA474 » et le « Canadian Warplane Heritage FM213 ». En tout, une vingtaine de Lancaster sont préservés de par le Monde. Pour savoir où les voir : http://www.lexicom.ab.ca/~nanton/lancs.html
- Certains Lancaster disposent de petits hublots rectangulaires de chaque côté du fuselage, comme on en trouvait sur le Manchester. C’est logique : ce sont les cellules des Manchester qui étaient en cours de montage quand on lança la production du Lancaster (à partir du L7527).
- C’est d’un Lancaster qu’est tombé Nicolas Stephen Alkemade, l’homme qui a survécu à une chute d’une hauteur de 5000 mètres environ sans parachute ! Il s’est jeté dans le vide pour échapper aux flammes qui ravageaient son Lancaster, touché par un Ju-88 (chasseur de nuit). Miraculeusement, il est tombé sur une forêt de sapins dont les branches, entremêlées étroitement et recouvertes de neige, ont freiné sa chute. Très meurtri, il était néanmoins vivant une fois au sol ! A noter qu’il a fallu que les allemands retrouvent l’épave du Lancaster pour accorder foi au récit incroyable de cet homme, sorti de nulle part.
- Bandes jaunes horizontales peintes sur les dérives : leader de la formation (sur certains appareils).
- Losange de couleur moutarde sur le dos de l’appareil, en avant de la tourelle : détecteur chimique de gaz toxiques (sur certains appareils)
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Auteur : lancaster@free.fr (VinMan, hé oui !!) |
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