Fort du succès de son bi-turbopropulseur F27 et au moment où s’engage la bataille commerciale des court-courriers entre la Caravelle, le DC9, le BAC111 et le B737, Fokker décide également de produire son avion.
En avril 1962, le constructeur annonce officiellement le lancement du F28, baptisé Fellowship. La base du programme est un avion de 50 places, d’un rayon d’action de 1 600 kilomètres, pouvant atterrir sur des terrains courts. Sa silhouette n’est pas sans rappeler celle de trois des quatre biréacteurs qu’il s’apprête à concurrencer : ailes basses avec réacteurs monté à l’arrière du fuselage et empennage en ‘T’.
Le projet voit la collaboration de plusieurs entreprises : Fokker, VFW, Rolls-Royce, Short Brothers, MBB, et la compagnie aérienne allemande LTU est le premier client. Ainsi, en juin 1964, la fabrication du F28 débute, et s’ensuivent les premiers vols des trois prototypes, les 9 mai, 3 août et 20 octobre 1967. Quant au premier avion de série, destiné à LTU, il décolle en mai 1968 et la certification est obtenue neuf mois plus tard, le 24 février 1969.
La version initiale est désignée Mk 1000 ou F28-1000 et reprend les éléments à l’origine du projet en offrant finalement une capacité de 65 places. Dès juin 1972, Fokker sort la version Mk 2000, allongée de 2 mètres 21, pour 79 passagers, mais produite à seulement 9 exemplaires. Dans la foulée, le 26 novembre 1973, le F28-1000C, doté d’une porte cargo, vole.
Le 20 octobre 1976, Fokker fait décoller le modèle qui représente près de la moitié de la production du F28, le Mk 4000. Cette version dispose d’une plus grande envergure, d’un plus long fuselage, fournissant ainsi de meilleures performances avec 85 passagers et près de 2 600 kilomètres de rayon d’action.
Cependant, une dernière réalisation voit le jour l’année suivante, combinant le fuselage du -1000 et des ailes du -4000. Désigné F28-3000 et également proposé avec une porte cargo, cet avion effectue son premier vol le 1er mars 1977.

En 1983, Fokker étudie un nouveau modèle dérivé du F28-4000 avec comme perspective de l’équiper de la dernière génération de moteurs Rolls-Royce, et qu’il ait une capacité de 85 places. Il le désigne temporairement P.332. Mais le résultat final, bien qu’effectivement doté des nouveau moteurs TAY 620, a bien changé entre temps. Il dispose de toutes les évolutions apparues depuis le lancement du F28 en 1962 et surtout il a grossi pour accueillir 107 passagers en configuration maximale. Il est désigné F100 et vole le 30 novembre 1986.
Swissair, la compagnie de lancement, en prend livraison à partir de mars 1988, mais le plus beau succès commercial du Fokker F100 vient d’une commande inespérée d’American Airlines pour 75 appareils et autant d’options (les options ne sont en revanche jamais converties).
Cinq ans plus tard, en avril 1993, Fokker adjoint au F100 un petit frère raccourci de 4 mètres 60 et emportant 79 passagers sur 3 500 kilomètres. La compagnie Indonésienne, Sempati Air, met en service le nouveau F70 en mars 1995.

Malheureusement, acculé à la faillite en juillet 1996, Fokker dépose son bilan après presque 90 ans d’histoire. Le 15 avril 1997, le F70 PH-KZK de KLM CityHopper est le dernier avion de la firme à prendre son envol et clos une production de 565 F28/F70/F100.

Une possible seconde vie ?

Sept ans après la disparition de Fokker, certaines personnes espèrent néanmoins faire renaître la production des F70 et F100. Un groupe d’industriels à la tête d’une entité baptisée Rekkof (l’anagramme de Fokker) négociait fin 2002, début 2003, avec des entreprises aéronautiques chinoises. Il souhaitait lancer une chaîne dans ce pays et assembler plusieurs centaines d’appareils susceptibles d’intéresser le marché intérieur de la Chine et éventuellement en exporter une partie.

Le second projet est destiné à redonner une valeur marchande intéressante aux appareils retirés de service ou sur le point de l’être, en les remotorisant avec des réacteurs Pratt & Whitney. Avec American Airlines et TAM se séparant de leur flotte d’ici 2005, c’est plus d’une centaine d’avions qui sont à revendre sur un marché actuellement en crise, où sont éliminés sans état d’âme ceux trop gourmands et/ou trop bruyants.