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Guide d'identification Fouga CM.170 Magister / CM.175 Zéphyr |
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Plan 3 vues |
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Historique |
En 1949, l’Armée de l’air décide de doter ses écoles de pilotage d’un biplace à réaction de fabrication nationale. L’appareil choisi est le dernier d’une lignée d’appareils dus à la collaboration de Robert Castello et Pierre Mauboussin (d’où le sigle CM) de la société Fouga pour les cellules et Jacques Szydlowski de Turboméca pour les moteurs. Préféré à son concurrent le MS 755 « Fleuret » de Morane-Saulnier, le CM 170 « Magister » effectue son premier vol aux mains de Léon Bourrieau le 23 juillet 1952 depuis Mont-de-Marsan.
L’Ecole de l’air de Salon-de-Provence reçoit ses Fouga à partir du 28 mai 1956, ce sera ensuite le tour de l’école de chasse de Meknès, puis de l’école de formation des moniteurs de Clermont-Ferrand et de l'école des sous-officiers pilotes de Cognac. L’avion servira également d’appareil de liaison et il équipera les différentes bases à raison de quelques avions chacune. Enfin, la Patrouille de France vole sur Fouga « Magister » de 1964 à 1980, année où elle se transforme sur Alpha-Jet.
Construit finalement à près de 1000 exemplaires, le CM 170 proposait également une capacité de tir aérien pour entraîner les jeunes pilotes, mais aussi pour en faire un avion d’appui tactique léger. L’armement est alors composé de deux mitrailleuses MAC 52 de 7.5 mm dans le nez de l’avion, de roquettes ou de 2 bombes de 50 kg.
Après avoir laissé sa place dans les écoles de pilotage aux « Epsilon » et « Tucano », le dernier Fouga sera retiré du service à l’automne 1996, après 40 ans de bons et loyaux services, permettant la formation de plus de 12 000 élèves-pilotes.
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Spécifications |
Le CM 170 est un biréacteur biplace en tandem, de construction métallique. Monoplan à aile médiane, il dispose d’un empennage en « V » dit papillon, et est généralement équipé de bidons de bout d’aile. Train d’atterrissage, volets, aérofreins (implantés dans les ailes) et freins sont à commande électro-hydraulique. Seule la chaîne de gauchissement est équipée d’une servo-commande. Le pilote en place arrière dispose d’un périscope pour la vision vers l’avant. L’habitacle n’est pas équipé de sièges éjectables : le parachute emporté par l’équipage sert de coussin de siège.
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Dimensions |
Envergure avec réservoirs en bout d'ailes (m) |
12,15 |
Envergure sans réservoirs (m) |
11,33 |
Longueur (m) |
10,05 |
Hauteur (m) |
2,80 |
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Aile |
Surface alaire (m²) |
17,3 |
Epaisseur relative à l’emplanture |
19 % |
Epaisseur relative à l’extrémité |
12 % |
Charge alaire (kg/m²) |
175 à 199 |
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Empennage |
Surface totale (m²) |
3,75 |
Angle d'ouverture |
110° |
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Masses |
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Le 1er nombre indique la masse d’un avion équipé de réacteurs Marboré II, le second la masse d’un avion équipé de Marboré VI. |
Masse à vide équipé |
2287 kg/2305 kg |
M. totale sans armement avec bidons de 125 L |
3222 kg/3240 kg |
M. totale sans armement avec bidons de 230 L |
3422 kg/3440 kg |
Poids normal, en lisse (kg) |
5 000 |
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Carburant |
Le carburant est contenu dans deux réservoirs de fuselage interconnectés, les bidons de bout d’aile (vidangeables mais non largables) et l’accumulateur de vol inversé. Il y a deux types de réservoirs de bout d’ailes : les « petits bidons » de 125 l (ou PB) et les « gros bidons » de 230 l (ou GB). |
Bidons (L) |
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Fuselage avant (L) |
255 |
Fuselage arrière (L) |
475 |
Accu vol dos (L) |
11 |
Total consommable (L) |
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Performances |
Facteur de charge (G) |
PB |
GB |
+5,5 /- 3 |
+ 3,5 / - 1,4 |
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VNE (kt) |
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Vitesse maximale |
M0.82 |
Vitesse de décrochage (kt)
en configuration d’atterrissage (train sorti, AF sortis, volets sortis à 40°) |
80
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Vitesse limite train sorti (kt) |
140 |
Vitesse limite volets à 40° (kt) |
130 |
Vitesse de décrochage, tout sorti (kt) |
90 |
Vitesse en dernier virage et finale (kt) |
120 |
Vitesse de croisière en basse altitude (kt) |
240 |
Voltige |
Une série classique (retournement, boucle, huit cubain, trèfle, rétablissement) se tourne en 4000 pieds environ, si on limite l’accélération à 4 g, et la plage de vitesse s’étend de 120 à 300 kt environ. |
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Motorisation |
Le CM 170 est équipé de 2 turboréacteurs Turboméca Marboré II ou Marboré VI installés dans des nacelles de part et d’autre du fuselage ; ces réacteurs sont constitués notamment d’un compresseur centrifuge monoflux à un étage, et d’une turbine axiale à un étage également.
Régime |
Marboré II |
Marboré VI |
Maximum |
392 +/- 12 à 22600 tr/mn |
480 +/- 14 à 21500 tr/mn |
Maxi continu |
320 +/- 10 à 21000 tr/mn |
480 +/- 14 à 21500 tr/mn |
Ralenti |
17 +/- 2 (6500 à 7000 tr/mn) |
20 +/- 2 (6500 à 7000 tr/mn) |
Nota : Poussée en daN (atmo standard)
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Schéma du Marboré II et VI |
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Versions |
Version |
Spécificités |
CM.170 Magister |
Le CM.170 a équipé l’Armée de l’air en deux versions :
les premiers avions de série équipés de réacteurs Marboré II de 400 kgp ;
ceux équipés de réacteurs Marboré VI de 480 kgp.
Même si au cours de leur longue carrière certains équipements, notamment les radios, ont évolué, extérieurement tous les CM 170 sont identiques ; seuls les numéros de série (peints sur le nez ou sous le papillon) permettent de les différencier : les n°405, ainsi que les n°436 et suivants sont des « VI ».
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CM.175 Zéphyr |
Version moins connue car construite seulement à 30 exemplaires, la version « Marine » du célèbre Fouga, baptisée CM 175 « Zéphyr » se différencie par les points suivants :
un train d’atterrissage renforcé, surélevé d’environ 50 cm ;
un nez rallongé ;
des verrières coulissantes ;
des appui-têtes pour les pilotes ;
une crosse d’appontage.
Ces appareils étaient également reconnaissables aux… ancres de marine sur les cocardes.
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Critères d'identification |
Le CM.170 et le CM.175 volent encore en France en meetings aériens, événements où vous aurez de grandes chances de les approcher de très près.
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Au sol |
Des réservoirs en bout d'ailes (1)
Empennage en V (2)
Un phare au bout du nez (3)
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En vol |
En plus caractéristiques déjà annoncées, le Fouga se distingue en vol grâce à son aile, dotée d'une légère flèche au bord d'attaque (flècje bleue) et complètement droite au bord de fuite (flèche verte).
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Utilisateurs étrangers |
Pays |
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Algérie |
En 1969, elle perçoit 28 CM.170 ex-Luftwaffe reconditionnés par la Sogerma ; 5 autres viendront compléter la flotte plus tard. |
Allemagne |
234 CM.170 équipent l’armée de l’air et l’aéronavale allemandes ; à l’exception de 40 avions achetés à Fouga, ils sont construits sous licence entre 1956 et 1961. |
Autriche |
Ce pays achète 18 avions en 1958, qu’il utilise jusqu’en 1972. En 1967-68, fut formée une patrouille acrobatique de 4 avions, les Silver Birds. |
Bangladesh |
Le Bangladesh reçoit 4 appareils en 1977, puis 6 autres en 1978. |
Belgique |
45 appareils sont commandés en 1960 ; 5 autres ex-Luftwaffe, viennent s’y ajouter en 1969, puis 10 en 1973. |
Brésil |
La force aérienne brésilienne reçoit 7 avions en 1968 ; ces appareils équipent la patrouille acrobatique nationale jusqu’en 1975. |
Cambodge |
4 avions sont livrés en 1961 (ou 1965 selon les sources). |
Cameroun |
6 appareils sont livrés à Douala courant juillet 1973. |
Finlande |
La Finlande commande un total de 80 appareils à partir d’octobre 1958. La plupart (62) sont construits sous licence dans les usines Valmet à Kuorevesi. Le dernier vol a lieu le 19 décembre 1988. |
Gabon |
6 Fouga Magister ex-autrichiens sont présents au Gabon et basés à Libreville. |
Guatemala |
3 appareils reconditionnés par la Sogerma ont été livrés durant l’été 1979. |
Irlande |
L’Irish Air Corps a reçu 6 CM 170 (ex-autrichiens reconditionnés par la Sogerma) début 1976. L’avion équipera la patrouille des Silver Swallows. |
Israël |
Environ 80 appareils sont construits sous licence par la société Bedek (qui deviendra IAI) à partir de 1960. 25 avions supplémentaires sont fournis par l’Allemagne à partir de 1968. Une patrouille acrobatique dotée de huit avions peints aux couleurs nationales est également créée. |
Guatemala |
3 appareils reconditionnés par la Sogerma ont été livrés durant l’été 1979. |
Katanga |
Onze jours après l’indépendance du Congo belge, le 11 juillet 1960, Moïse Tschombé proclame la sécession du Katanga. Il commande 9 avions à Potez Air Fouga. 3 appareils lui seront livrés à Luano. L’un s’écrase au sol le 23 juillet 1961, un autre est saisi par l’ONU en août, le troisième se rend célèbre en intervenant plusieurs fois par jour en tous points du Katanga. |
Liban |
8 CM 170 sont livrés en 1960, et 4 autres en 1966. |
Libye |
La Libye a reçu 12 appareils issus des stocks de l’Armée de l’air, en juillet 1973. |
Maroc |
En mars 1962, 8 avions sont livrés à Marrakech, suivis en 1968 de 24 appareils ex-Luftwaffe reconditionnés par la Sogerma. |
Ouganda |
L’Ouganda a acheté 14 Fouga Magister à Israël en 1967. Ces appareils de fabrication française ont été revendus à Israël en 1976. |
Salvador |
3 appareils en provenance d’Israël arrivent au Salvador en 1970. La Sogerma livre 3 autres appareils en 1978. |
Sénégal |
5 Fouga Magister ex-brésiliens reconditionnés par la Sogerma sont livrés en 1976. |
Togo |
5 avions de fabrication allemande, reconditionnés par la Sogerma, sont livrés en septembre 1976. 2 autres viendront par la suite compenser l’attrition. Ces avions sont basés à Niamtougou, dans le Nord du pays. |
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Témoignages de pilotes |
Choup, ancien cadet de l'Ecole de l'Air (Salon de Provence) |
Quand on s’approche de l’avion, le parachute calé sur l’épaule, on ne peut rester insensible à la pureté de ses lignes et l’élégance de sa silhouette ; si le Spitfire est réputé être le 2ème plus bel assemblage de courbes de la Création, le Fouga ne doit pas être loin derrière…au fur et à mesure qu’on s’en approche, on a une autre impression : qu’est-ce qu’il est bas sur pattes ! Comme m’avait dit mon instructeur à Salon (salut Steph !), c’est le seul avion de l’Armée de l’air dans lequel on descend !
Une fois le tour avion effectué avec le mécano, et le parachute bouclé, on s’installe dans la cabine : en fait on pose le parachute dans le baquet, et on s’assoit dessus. L’habitacle trahit l’âge de l’avion, qui doit d’ailleurs être plus vieux que moi !
Je lève le regard vers le mécano, qui a pris place à gauche près de l’extincteur ; aujourd’hui, c’est un Marboré II, la mise en route est plus délicate que les VI. De la main droite, je lance le démarreur, dans la gauche je tiens le levier qui commande le robinet coupe-feu et sur lequel se trouve le bouton d’injection : à 1200 trs/mn, début d’injection et ouverture lente et progressive dudit robinet, jusqu’à ce que la T4 décolle ; après on « pilote » la T4 en ouvrant plus ou moins le robinet jusqu’à ce qu’elle se stabilise… ouf ! 5000 trs, démarreur coupé, 6500 trs, le régime se stabilise au ralenti ; j’ajuste alors très doucement le régime à 8000 trs et vérifie l’enclenchement de la génératrice électrique ; l’avion fait un potin d’enfer, très aigu ; et on repart pour la même avec le réacteur droit ! pfiouuu… hop les 2 moteurs à 10 000 trs, on ferme les verrières et quelques minutes plus tard on commence le roulage vers la piste. Celui-ci ne pose pas de problème particulier, si ce n’est qu’on tourne aux freins, puisqu’il n’y a pas de système de dirigibilité sur la roue avant.
Aligné sur la piste, actions vitales effectuées, les manettes de gaz sont avancées en butée, … avec douceur, car le manuel dit : « au sol, l’action du boîtier d’équilibrage de la régulation réacteur est insuffisante ; il faut donc manipuler les manettes des gaz avec précaution »…
Lâcher des freins, top ! L’accélération n’est pas brutale, mais on sent rapidement l’avion prendre vie, la roulette de nez est soulagée à 70 kt, et on décolle à 100 kt en à peu près 700 mètres. Freins, train rentré, volets rentrés, la magie commence, l’avion glisse en accélérant vers 200 kt (la vitesse de montée) ; les commandes de profondeur et de direction sont très douces, le gauchissement est un peu mou et requiert de grandes amplitudes au manche.
Nous voici sur l’axe de voltige, je commence par de grands tonneaux barriqués pour mettre en confiance mon passager : contrôleur aérien sur notre base, il est aussi pilote privé, mais c’est son 1er vol sur « biréacteur à ailes droites » et hormis quelques figures faites en planeur, c’est aussi son baptême de voltige. Après chaque figure que je lui commente, je lui passe les commandes et il les passe à son tour, ma foi assez proprement ; il aura ce commentaire : « ça ressemble plus au planeur qu’au Rallye 100 !» Pas faux, ça…
Au fur et à mesure, je développe les enchaînements retournements, boucles trèfles, huit cubains, rétablissements, agrémentés de tonneaux à la verticale, et de prises d’axe sur le dos… l’avion répond toujours avec douceur, sans qu’il soit besoin de solliciter les moteurs. On termine avec des virages dos en tonneaux ; les réacteurs grondent un peu, car la régulation n’aime pas les g négatifs, il suffit alors de revenir en accélération positive en surveillant la lampe BP, dont l’allumage précéderait l’extinction moteur de quelques secondes…
Mais il est déjà temps de rentrer : le Fouga a une faible autonomie, il consomme environ 700 l/heure, et on est parti avec 980 l ; je laisse mon passager enthousiaste ramener la « bouzine » vers le terrain pour une présentation au break ; la descente permet d’accélérer vers 350 kt, vitesse des autres avions dans le circuit.
Présentation au break, verticale entrée de piste, à 1000 pieds et 240 kt. Gaz réduits à 15 000 trs, aérofreins sortis, virage vers la vent arrière à 60° d’inclinaison. Le badin chute rapidement : à 140 kt, je sors le train et rajuste les gaz à 20 000 trs, à 130 kt les volets 40°. Travers entrée de bande, je réduis à 18 000 trs, prends 120 kt, et amorce un virage de 180 ° vers la piste :« - Veto 18, dernier virage, trois vertes ». En courte finale vers 300 pieds, réduction à 110 kt, puis 105 kt sur les balises, et finalement arrondi en ayant l’impression d’aller vraiment chercher le sol, gaz plein réduits. Crissement des pneus qui retrouvent le béton, et retour au parking. C’est fini ! enfin, pas tout à fait pour mon passager, qui va devoir faire face au comité d’accueil… |
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Photos |
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Bibliographie |
Fouga « Magister », par Jean-Pierre Tédesco, éditions Ouest France, 1980. Petit fascicule très complet. Introuvable de nos jours.
Le Fouga sous toutes ses couleurs, par le lieutenant-colonel Jean-Loup Rambeau, Eric Moreau et Patrick Audouin, éditions Addim, 1993. Album très complet et très riche en photos.
L’industrie aéronautique et spatiale française 1907-1982, tome 3, édité par le GIFAS en 1984.
La Force aérienne tactique 1965-1994, par l’Association Point Fixe, 1998. Superbe bouquin, surnommé à juste titre « l’encyclopédie » : c’est simple, y a tout dedans, y compris quelques pages sur les Fouga.
Non à l’oubli, par Jacques Noetinger, aux Nouvelles Editions Latines, 2001.
Mister Brown, par Jean Zumbach, chez Robert Laffont,1973. Pour l’histoire du Katanga.
UCE 103 : Manuel d’utilisation du Fouga CM 170.
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Walkarounds |
Certains sites proposent des séries de photos qui détaillent l'avion. Nous vous livrons ici les adresses connues et nous encorageons nos lecteurs à nous faire part d'autres walkarounds.
Wingshots : CM.170 Magister et CM.175 Zéphyr |
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Auteur : Choup |
Photos : Pégase et Choup. |
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