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Aventures tunisiennes, aéroport de Tunis, 20 mai 2002

Voici un petit récit d'un vol pas standard...

16 mai : Je pars à Tunis en fonction sur le vol AF2484 retour prévu dans la foulée AF2485 puis vol AF2202 vers Turin où l'on doit arriver vers 21h00 pour passer la nuit. Le vol vers Tunis se passe bien, beau temps sur tout le trajet, pas de turbulence, magnifique survol de la Sardaigne puis une approche à vue sur la piste 01 (tu m'étonnes, on voyait le terrain depuis 40 nautiques !). On arrive au bloc à 15h10 heure de Paris.

La touchée se passe à peu près normalement. Simplement, lors du tour avion, je constate une fuite de carburant au mat de drainage sous le réacteur 1. A priori ce n'est pas inquiétant, car en général la fuite s'arrête à la mise en route quand le moteur est sous pression. Mais cela doit être vérifié par un mécano lors de la mise en route (on avait quand même 50 gouttes/minute avant la mise en route, ce qui est assez important).

On appelle donc un mécano pour ceci, qui ne savait pas encore qu'il était parti pour rester quelques heures sur notre avion (mais vous ne le savez pas encore vous non plus :))

La mise en route se fait au parking pour l'inspection, et après 3 minutes le mécano nous confirme l'arrêt de la fuite. Ouf ! Sinon ça risquait d'être un peu lourd.
Je demande le repoussage à la tour qui nous l'accorde sans problèmes. Vous vous dites, son histoire, jusque là c'est pas très palpitant, mais c'est maintenant que ça commence. Au moment où on enlève le frein de park, DING, une alarme HYD B ELEC PUMP LO PR, en résumé, la pompe hydraulique (entraînée électriquement) du circuit bleu qui fait des siennes. Bon, frein de park sur ON à nouveau et contact avec la tour pour leur dire qu'on maintient et que je les rappellerai pour reprendre le push et les informer de la durée de notre retard (d'ailleurs ça me fait penser que je les ai toujours pas rappelés :))).
On fait signe au mécano de pas trop s'éloigner et on tente un reset par le bouton poussoir. Elle ne veut toujours rien savoir. Le mécano qui a pris l'interphone nous suggère un reset par le breaker (pas prévu normalement, c'est quand même un gros disjoncteur de 50 A, la suite nous montrera d'ailleurs qu'il y a pas mal de puissance sur ce circuit). Toujours rien. On coupe donc les réacteurs pour remettre la passerelle.
Le mécano ne peut rien faire de plus que de retenter les resets que l'on a déjà fait, toujours rien. Il décide donc, après avoir appelé du renfort, d'ouvrir la baie sous le ventre mou pour aller voir la pompe. Ils sont donc 3 à bidouiller là-dessus. Le CDB est descendu voir et moi, je suis resté au poste (on a toujours un avion plein de passagers). A ce moment, arrive un mécano en civil que je n'avais pas vu jusqu'à présent et qui ne porte aucun signe distinctif ; alors qu'il commence à me parler du problème, je lui demande très correctement qui il est (il ne s'était pas présenté) juste afin de savoir quoi lui répondre. Ce monsieur très susceptible me dit : "vous n'avez pas à vous inquiéter, je suis mécano Tunisair, mais on est habilité à intervenir, on a l'agrément, on a fait des stages, on est aussi bons que vos mécanos........." et ainsi de suite. Pendant qu'il me vantait ses compétences dont, jusque là et pendant encore 10 secondes, je n'aurais pas osé douter, il remet la pompe sous tension (115V, 50A je vous le rappelle) sans se demander où ses collègues avaient les mains, et ce qui devait arriver arriva. Son collègue, qui était en train de reconnecter la prise sur la pompe, s'est pris une châtaigne dont il risque de se souvenir un bon moment, il avait la main un peu brûlée et même carrément noire. Autant dire qu'à ce moment là, il a arrêté l'énumération de ses compétences......

Mis à part la main du pauvre arpète, la prise sur la pompe a également fondu et quand je dis fondu c'est FONDU. C'est à dire que le support de la prise, qui était métallique, a été liquéfié ainsi qu'une petite partie du corps de la pompe.

Là on a commencé à se dire qu'on était là pour un moment. Donc, débarquement des passagers que le chef d'escale replace en partie sur un vol Tunisair.

Le remplacement de la pompe ainsi que du câble d'alim est maintenant impératif. Heureusement nous sommes sur la base principale de Tunisair qui a des 320 donc des pièces de rechange. Après recherches, ils ont tout ce qu'il faut. Il faut maintenant l'accord de AF à Paris, qui doit vérifier la compatibilité effective des spares et donner l'ordre de réparation (il doit y avoir des histoires de sous). Ce télex a mis plus d'une heure et demi pour arriver de Paris, donc aucune intervention pendant ce délai. Après contact téléphonique avec Paris, la réparation doit durer entre 3 et 4 heures avec des mécanos EXPÉRIMENTÉS.

A ce niveau, pour nous 2 possibilités : 1- on dort à Tunis et on remonte l'avion le lendemain à vide, tout le monde se réjouit de cette hypothèse sauf une hôtesse qui a oublié son maillot de bain (erreur de débutante:)). 2- on attend la fin de la réparation et on remonte dans la foulée à Paris, même si c'est très tard et la suite (vers Turin) est annulée.

C'était sans compter que le Turin était plein et qu'il n'y avait plus de réserve pour assurer ce vol. Donc la 3ème possibilité que l'on n'imaginait pas nous tombe dessus : "allez, on se dépêche, vous remontez en mise en place sur le vol AF1285 qui vient d'arriver pour assurer le Turin derrière".

Nous voilà donc partis vers l'avion des collègues (qui marchait bien celui-là) après 5 heures de "béton" à Tunis, abandonnant là le pauvre F-GJVA qui a dû remonter depuis, j'espère...

Arrivée à CDG à 22h30, tout le monde nous attendait, le coordo (ça c'est normal), le chef d'escale de permanence (ça c'est plus exceptionnel) et nos pax pour Turin qui auraient dû embarquer à 19h30. C'est fou comme tout le monde vous aime dans ces cas-là :)))

On saute dans la navette qui nous emmène à l'autre avion, et quand on arrive tout est prêt, heureusement d'ailleurs. Il reste à compléter le carburant et on embarque. Bloc départ à 23h20, l'arrivée sur Turin est du genre "démerdez vous tous seuls, nous on est crevés", les seules consignes que l'on a eu de la part du contrôle étaient "trajectoire standard vers l'ILS 36, descente à convenance vers la finale", en gros au dessus du Mont-Blanc on était autorisé niveau 80 "according to your minimas". Il est vrai qu'à cette heure là, après la journée que l'on avait passée, on aurait apprécié un bon guidage radar à l'allemande avec juste un coup d'oeil pour vérifier les altitudes de sécurité. Enfin bon, on a réussi quand même et on est arrivé au bloc à 00h44. Impressionnant de voir un aéroport en sommeil, avec un paquet d'avions parqués mais absolument aucune activité.
Encore une demi heure de navette jusqu'à l'hôtel, le chauffeur nous a quand même grillé 4 feux rouges, il devait avoir sommeil lui aussi.

Arrivée dans la piaule à 01h30, et c'est là que j'ai commencé à écrire ce petit récit et à rédiger la fiche sur le 321 pour la FAQ avant de capituler à 02h30.
Ce fût donc une bonne journée, commencée à 11h00 le matin. On n'avait pourtant fait que 2 étapes en fonction avec l'impression d'en avoir fait une demi-douzaine....

Eh bien, malgré tout, cette journée restera un bon souvenir et j'avoue qu'inconsciemment, on en redemande des trucs comme ça...

 
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